Avec plus de 150 participants et des activités diversifiées qui ont mis en valeur la beauté des paysages gaspésiens et son riche patrimoine en foresterie, Groupements forestiers Québec (GFQ) a remporté son pari en tenant son congrès annuel à Percé.
Le choix était pour le moins audacieux. La Ville de Percé et la région de la Gaspésie sont réputés aussi bien pour leurs attraits que pour leur savoir-faire en foresterie. D’un autre côté, on ne peut nier la distance les séparant de régions comme l’Abitibi et l’Outaouais. Les membres des groupements forestiers de l’ensemble des régions du Québec, de même que les partenaires de GFQ allaient-ils répondre à l’appel et se présenter au congrès qui s’est tenu du 8 au 10 septembre derniers ?
La réponse a été sans équivoque. Avec plus de 150 congressistes, on a même dépassé la moyenne de participants des congrès des dernières années. Le thème était Une histoire de famille et les congressistes ont saisi le message, un grand nombre d’entre eux ayant profité de l’occasion pour faire le déplacement en compagnie de conjoints et enfants.
Un grand nombre d’activités étaient au programme. Parmi les conférences du lundi 9 septembre, signalons celle sur l’automatisation des travaux sylvicoles non commerciaux présentée par ANNE LEBRUN RUFF et MARC BEAUDOIN, de FPInnovations. Ceux-ci ont partagé les résultats de la mise à l’essai de différents équipements, dont le Plantmax qui permet de mettre en terre de 1200 à 1500 arbres à l’heure. Cette machine est toutefois loin d’être autonome, puisqu’il faut trois employés pour la faire fonctionner, soit une qui conduit le porteur, une à l’arrière qui met les arbres dans des tubes et une autre qui s’assure de la qualité. « Cet outil n’est peut-être pas encore prêt à être utilisé à grande échelle, mais les résultats sont malgré tout intéressants. Il a été capable de fonctionner dans des conditions difficiles, soit après des feux, alors que des broussailles avaient eu le temps de repousser sur le terrain », a déclaré Mme Lebrun Ruff.
Sylvie Gaumond et Nadia Noël, de ForêtCompétences, ont abordé les dernières tendances en matière de ressources humaines en proposant de nouvelles approches tout spécialement pour les travailleurs sylvicoles. Pour attirer et retenir les travailleurs immigrants, elles ont, par exemple, proposer d’adapter l’offre alimentaire en formant les cuisiniers à l’art culinaire de pays étrangers, en plus d’organiser des activités d’échange culturel entre les employés. Pour les nouveaux travailleurs, elles ont évoqué l’importance de bien les intégrer, par exemple, en favorisant des sortes de mentorat.
St-Gabriel : une page d’histoire
Le dimanche après-midi, les participants ont effectué une visite de l’ancien village de St-Gabriel, fermé au début des années 1970 dans la foulée des recommandations du Bureau d’aménagement de l’Est du Québec (BAEQ), ce qui allait mener aux Opérations Dignité et ultimement, à la création des groupements forestiers.
Pour l’occasion, Jean-Marie Thibault, historien originaire de Percé et spécialisé sur le sujet de la fermeture des villages du début des années 1970, était sur place. Il est revenu sur cette importante page d’histoire, expliquant qu’au fil de l’histoire, quand l’économie va mal, les dirigeants politiques et le clergé n’aimaient pas voir des chômeurs en ville. « Des centaines et des milliers de personnes qui crèvent de faim en ville, ça peut faire des révolutionnaires. Quand tu es à la tête d’un système, tu veux que le système reste comme il est et tu prends des mesures pour t’en assurer », a-t-il dit.
C’est ce qui s’est produit au cours de la crise économique des années 1930, alors que des vagues de colonisation ont visé, notamment, les régions de l’Abitibi, de la Gaspésie et du Bas-St-Laurent. Le village de St-Gabriel a d’ailleurs été fondé à cette époque, près de Percé.
Or, au début des années 1960, en pleine révolution tranquille, un tout autre contexte prévaut alors que le taux de chômage tombe sous les 3 % au Québec. À Montréal et dans les grandes villes, on a alors besoin de main-d’œuvre, d’où l’idée d’aller en chercher en campagne. Subtilement, on observe alors une diminution de l’offre de services en milieu rural (santé, éducation, déneigement, etc.), de sorte qu’il s’en suit un exode de la population. De sorte qu’on en arrive au BAEQ qui prône la fermeture d’une centaine de villages en Gaspésie et au Bas-St-Laurent.
C’est ainsi que St-Gabriel sera fermé, comme plusieurs autres villages. Heureusement, une mobilisation citoyenne sans précédent prendra forme dans le cadre des Opérations Dignité, refroidissant les ardeurs de ceux qui voulaient tout fermer. Cette mobilisation amènera également les gens à chercher des moyens d’assurer la subsistance et le développement de leurs communautés en misant sur les ressources forestières présentes dans leurs milieux pour créer un nouveau modèle d’affaires : les groupements forestiers.
AGA
Comme le veut la tradition, l’assemblée générale annuelle s’est tenue le mardi matin 10 septembre. À cette occasion, une résolution a été adoptée en vue de faire en sorte que GFQ investisse davantage en communication afin de mieux faire connaître le modèle d’affaires des groupements forestiers. La présentation du rapport d’activités a quant à elle permis d’apprendre que le chiffre d’affaires total des groupements forestier avait de nouveau progressé, passant de 255,1 M$ en 2022-2023 à 265,5 M$ en 2023-2024. Il en va de même pour le membership, alors que l’on dénombrait 27 520 propriétaires membres des groupements l’an dernier, on en compte maintenant 28120.
Enfin, plusieurs changements sont survenus dans la composition du conseil d’administrateur. Ainsi, Dany Samuel (GFC de la Péninsule), Steven Aumond (SS Chambord), François Pépin (GF Nicolet Yamas-Yamaska et Sylvain Drapeau (GF des Cantons) ont été élus pour succéder à Sylvain Réhel, France Fortin, Marc Lavigne et Denis Boutin.
Signé Dany Rousseau, directeur général du journal Le Monde forestier