Dans le but de moderniser ses opérations et d’augmenter sa productivité, le Groupement coopératif agro-forestier de la Ristigouche a récemment investi près de 1,4 M$ dans ses installations acéricoles.
L’entreprise collective qui joue un rôle primordial dans la vitalité du village de L’Ascension-de-Patapédia, en Gaspésie, a décidé d’aller de l’avant et de réaliser un système d’enfouissement de 7,5 km reliant toutes les stations et la nouvelle cabane à sucre ensemble via un système de tubulures sous-terrain. L’électricité et la fibre optique ont aussi été enfouies et amenées vers les quatre stations de pompage. Une cinquième station a été ajoutée comme station de refoulement et permettra éventuellement de réaliser 2 000 entailles supplémentaires.
« On a maintenant une cabane à sucre moderne. Il n’y aura plus de génératrice sur le terrain ni de camion, donc presque plus de machines qui utilisent le diesel. Ce sont d’énormes gains au niveau de la réduction des gaz à effet de serre. On va ainsi être à la fine pointe de la technologie, ce qui va nous permettre d’augmenter notre productivité. Le projet est pratiquement terminé; il reste à mettre en fonction les nouveaux équipements que nous nous sommes procurés chez CDL, comme les pompes à refoulement et les silos », s’enthousiasme le directeur général du Groupement coopératif agro-forestier de la Ristigouche, FRANÇOIS BÉLANGER.
Celui-ci fait valoir qu’avant les travaux entrepris en septembre dernier et qui sont maintenant pratiquement complétés, la cabane à sucre, entre autres, était en piètre état. « On avait beaucoup de coûts supplémentaires et une perte de productivité lorsque l’on comparait aux autres industries du même type dans la région. On était souvent obligés d’arrêter notre production plusieurs jours, voire une semaine avant les autres producteurs. Ces derniers peuvent produire jusqu’à quatre ou cinq livres à l’entaille. Nous, c’était deux et demie à trois livres parce qu’on pouvait perdre jusqu’à une livre de production à l’entaille. On en obtenait toujours moins étant donné qu’on transportait toute l’eau. Un camion forestier transportait 100 % de l’eau d’érable de chacune des quatre stations jusqu’à la cabane. C’est ce qui gonflait énormément les coûts parce qu’on ne transportait pas juste le concentré, on transportait la matière première. Ce sont des pertes énormes, en plus du temps mis sur l’ouverture du chemin et des dépenses pour les bris sur les camions et le diesel, entre autres ».
Coopérative constituée de membres étant propriétaires de lots à bois, le groupement leur offre un service d’aménagement clés en main allant de la réalisation d’un plan d’aménagement forestier aux opérations comme la récolte, la voirie et le transport. Comme il possède son propre camion forestier avec autochargeuse, le groupement peut être plus indépendant au niveau du transport du bois récolté, mais il a tout de même besoin des services d’autres entreprises locales en raison du volume annuel produit. Le reboisement, la préparation de terrain, le débroussaillage et tous les types de travaux sylvicoles admissibles par l’Agence régionale de mise en valeur des forêts privées de la Gaspésie-Les-Îles de la Madeleine font aussi partie des services offerts aux propriétaires.
42 personnes sont employées par le groupement de la Ristigouche, dont huit sont affectées aux tâches liées à l’acériculture pendant une partie de l’automne et de l’hiver (entaillage, réparations, production, etc.). M. BÉlanger est passionné par le domaine depuis son plus jeune âge. « On a une cabane à sucre familiale qui est actuellement dirigée par mon père, et que je suis en voie de reprendre avec mon frère. Il est ingénieur forestier comme moi, et on a tous les deux les mêmes intérêts ».
UN TRAVAIL DE PLUSIEURS MOIS
Le travail débute en janvier de chaque année avec l’entaillage. Cette année, l’érablière compte environ 33 200 entailles! Elles sont réparties en quatre sections séparées entre elles, donc quatre stations de pompage sont nécessaires. La majorité des entailles se trouvent sur des terres publiques, mais une partie (6 000 entailles) se situe sur des terres privées qui appartiennent au groupement. C’est à proximité de ces dernières que la cabane à sucre se trouve.
Ensuite, les coulées sont attendues. Elles durent normalement de quatre à huit semaines, qui peuvent aller jusque tard en avril. « On vend notre entière production en vrac aux acheteurs autorisées par les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ). C’est eux qui gèrent la mise en vente du sirop d’érable au Québec. Tous les acheteurs sont assujettis aux mêmes règlements des PPAQ, et tous les producteurs acéricoles ont les mêmes prix. On vend donc le sirop à ces acheteurs autorisés, qui gèrent ensuite la mise en vente comme ils le souhaitent. On ne fait pas de sirop en conserve, excepté pour nos employés ».
Par la suite, il y a le désentaillage à faire, qui peut s’étirer jusqu’au début juin, donc la saison d’acériculture se termine normalement au début de l’été, après plusieurs mois de travail.
LES ALÉAS À SURMONTER
Malgré les nombreux changements positifs réalisés, le groupement doit concilier avec le contexte de pénurie de main d’œuvre, tout comme la plupart des entreprises en foresterie actuellement. « La Gaspésie est déjà une région éloignée. Quand on est sur la route 132, le village de L’Ascension est à 20 minutes du chemin principal, donc encore plus loin. C’est certain que ça amène une difficulté de recrutement. Je demeure à Amqui, j’ai moi-même une heure de route à faire ». Malgré tout, monsieur Bélanger est confiant que leur nouveau système leur permettra de se concentrer sur d’autres opérations pour gagner de l’efficacité ailleurs.
PROJETS FUTURS
Pour le futur, le Groupement coopératif agro-forestier de la Ristigouche désire moderniser encore davantage ses installations en mettant en place un système de caméras et de monitorage dès l’an prochain. « On se concentre là-dessus. Ce n’est pas évident de coordonner les travaux parce qu’on doit être prêts pour la saison des sucres, on ne veut jamais perdre d’eau d’érable. ». Les caméras éviteront qu’un employé ait à se déplacer au froid pour voir si tout va bien et favoriseront ainsi les conditions de travail. Tout est en place pour un avenir des plus prometteurs!
Signé Mélinda Morissette, spécialiste design et communications pour Groupements forestiers Québec